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    Sur le jaune océan des sables sans rivage,
    O Nil, fils du soleil ! O Nil, père des eaux !
    Tu déploies lentement ta crinière sauvage
    A travers les palmiers ensanglantés d'oiseaux.

    Ton éternel cristal s'écoule avec emphase,
    Brisé d'un crocodile aux sursauts véhéments,
    La gazelle qui nage en ton clair firmament
    Broute les blancs lotus, où l'étoile s'embrase.

    Un transparent sorcier chaque année t'exorcise
    Et transmue tes saphirs en déluge de sang.
    Sur son trône de feu la pyramide assise
    Jette vers ta souffrance un rêve éblouissant.

    La nuit, lorsque la lune incarne ton délire,
    Nephtys, déesse sombre aux ailes d'épervier,
    Vient laver ses cheveux que les enfers pâlirent...
    O Dieux ! L’âme des morts pullule en tes viviers !

    Tes flots vertigineux s'échappent hors du nombre ;
    Tu nais aux monts sacrés où les lacs bouillonnants
    Déroulant leur spirale illimitée dans l'ombre,
    Vont rejoindre la flamme au cœur des continents.

    Les nefs qui transportaient les tendres pharaonnes
    Dans l'étincellement des bijoux et des cors,
    Sous la voile éclatée où les brises frissonnent,
    En tes reflets d'éther vivent-elles encor ?

     

     

    Immuable géant, tu vis avec dédain
    Les lourds guerriers d'Azur passer sur leurs cavales !
    Leurs casques foudroyés, tu les roulas soudain
    O vainqueur ! par le fier fracas de tes cymbales.

    Dans ton gouffre fatal sont venus s'engloutir
    Les purs vautours de Perse et les louves de Rome.
    Tes sycomores d'or ne cessent de gémir
    Sur la pâle Byzance aux brûlants hippodromes.

    Lorsque dans l'avenir le désert triomphant
    Sur les ruines de l'homme étendra sa colère,
    Quand Eve pleurera ses ultimes enfants
    Dont les cadavres noirs fondront dans les tonnerres ;

    Quand tout sera tombé, les cités et les dieux,
    Les usines d'acier, les églises d'albâtre,
    Quand des astres nouveaux terrifieront nos cieux
    Près d'un morne soleil aux longs sanglots rougeâtres,

    Empereur de la vie, tu couleras toujours
    A travers l' inconnu frisson des térébinthes,
    Parmi les monstres nés du mystère des jours
    Dont ta voix triomphale emportera les plaintes...

      

     

     

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