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Le fleuve
Laissons-nous emporter par le fleuve des choses ;
Laissons tourner les ans et s’effeuiller les roses !L’Immensité profonde est belle à regarder,
Qu’elle soit l’océan ou l’éther bleu plein d’astres ;Mais le chemin des cieux est couvert de désastres,
Et la mer a des puits que l’on ne peut sonder.Laissons-nous emporter par le fleuve des choses ;
Laissons tourner les ans et s’effeuiller les roses !Les sublimes douleurs sont belles à chanter,
Lorsque d’un noble but l’âme noble est éprise ;
Mais, sous l’effort des doigts, souvent le luth se brise,
Et malheur au chanteur forcé de s’arrêter !Laissons-nous emporter par le fleuve des choses ;
Laissons tourner les ans et s’effeuiller les roses !La palme de la gloire est belle à désirer ;
Mais la cime est abrupte où son laurier se dresse,
Et malheur au rêveur, sans force ou sans adresse ;
Il glisse, et sur les rocs il se va déchirer !Laissons-nous emporter par le fleuve des choses ;
Laissons tourner les ans et s’effeuiller les roses !La Lyre a son orgueil ; la Science a son prix ;
Mais votre amour vaut mieux, ô ma Mère, ô mon Père
C’est par vous que je crois, c’est par vous que j’espère ;
Dieu me restait obscur : par vous je l’ai compris !Laissons-nous emporter par le fleuve des choses ;
Laissons tourner les ans et s’effeuiller les roses !Philéas Lebesgue.
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Commentaires
Que c'est beau, bravo Lona et quelle belle présentation.