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Par hellonana le 25 Février 2017 à 19:21
Parfois un enfant trouve une petite graine
Théophile Gautier.
Et tout d'abord, charmé de ses vives couleurs,
Pour la planter il prend un pot de porcelaine
Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs.
Il s'en va. La racine en couleuvres s'allonge,
Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ;
Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge,
Tant qu'il fasse éclater le ventre du vaisseau.
L'enfant revient ; surpris, il voit la plante grasse
Sur les débris du pot brandir ses verts poignards ;
Il la veut arracher, mais la tige est tenace ;
Il s'obstine, et ses doigts s'ensanglantent aux dards.
Ainsi germa l'amour dans mon âme surprise ;
Je croyais ne semer qu'une fleur de printemps :
C'est un grand aloès dont la racine brise
Le pot de porcelaine aux dessins éclatants.
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Par hellonana le 25 Février 2017 à 19:07
Les paupières des fleurs, de larmes toujours pleines,
Ces visages brumeux qui, le soir, sur les plaines
Dessinent les vapeurs qui vont se déformant,
Ces profils dont l'ébauche apparaît dans le marbre,
Ces yeux mystérieux ouverts sur les troncs d'arbre,
Les prunelles de l'ombre et du noir firmament
Qui rayonnent partout et qu'aucun mot ne nomme,
Sont les regards de Dieu, toujours surveillant l'homme,
Par le sombre penseur entrevus vaguement.
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Par hellonana le 25 Février 2017 à 18:34
Chacun, comme un trésor, garde au fond de son ame
Le parfum préféré de quelque chère fleur,
Et dans tous nos pensers, sur le plus sombre drame
Ce souvenir lointain épanche sa fraîcheur.
Au lilas, confident de sa longue douleur,
Valmore de son chant suspend l'aile de flamme,
Et sur la véronique, image de son cœur,
Tastu laisse tomber le soupir de la femme.
Le chaste amant d'Elvire au pied de l'amandier
S'arrête pour cueillir une branche, et Nodier
D'une grâce rêveuse a doué l'anémone ;
Ah ! si parmi ces fleurs tu t'élevais un jour,
Blanc jasmin qui jadis, par un beau soir d'au tomne,
Reçus les larmes d'or de mon premier amour !
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Par hellonana le 25 Février 2017 à 18:29
Quand la rose s'entr'ouvre, heureuse d'être belle,
De son premier regard elle enchante autour d'elle
Et le bosquet natal et les airs et le jour.
Dès l'aube elle sourit ; la brise avec amour
Sur le buisson la berce, et sa jeune aile errante
Se charge en la touchant d'une odeur enivrante ;
Confiante, la fleur livre à tous son trésor.
Pour la mieux respirer en passant on s'incline ;
Nous sommes déjà loin, mais la senteur divine
Se répand sur nos pas et nous parfume encor.
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Par hellonana le 25 Février 2017 à 17:52
Que me veux-tu, chère fleurette,
Alfred de Musset.
Aimable et charmant souvenir ?
Demi-morte et demi-coquette,
Jusqu'à moi qui te fait venir ?
Sous ce cachet enveloppée,
Tu viens de faire un long chemin.
Qu'as-tu vu ? que t'a dit la main
Qui sur le buisson t'a coupée ?
N'es-tu qu'une herbe desséchée
Qui vient achever de mourir ?
Ou ton sein, prêt à refleurir,
Renferme-t-il une pensée ?
Ta fleur, hélas ! a la blancheur
De la désolante innocence ;
Mais de la craintive espérance
Ta feuille porte la couleur.
As-tu pour moi quelque message ?
Tu peux parler, je suis discret.
Ta verdure est-elle un secret ?
Ton parfum est-il un langage ?
S'il en est ainsi, parle bas,
Mystérieuse messagère ;
S'il n'en est rien, ne réponds pas ;
Dors sur mon coeur, fraîche et légère.
Je connais trop bien cette main,
Pleine de grâce et de caprice,
Qui d'un brin de fil souple et fin
A noué ton pâle calice.
Cette main-là, petite fleur,
Ni Phidias ni Praxitèle
N'en auraient pu trouver la soeur
Qu'en prenant Vénus pour modèle.
Elle est blanche, elle est douce et belle,
Franche, dit-on, et plus encor ;
A qui saurait s'emparer d'elle
Elle peut ouvrir un trésor.
Mais elle est sage, elle est sévère ;
Quelque mal pourrait m'arriver.
Fleurette, craignons sa colère.
Ne dis rien, laisse-moi rêver.
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Par hellonana le 25 Février 2017 à 17:50Oh ! la fleur de lys !
La noble fleur blanche,
La fleur qui se penche
Sur nos fronts pâlis !
Son parfum suave
Plus doux que le miel
Raconte le ciel,
Console l'esclave.
Son luxe éclatant
Dans la saison douce
Pousse, pousse, pousse.
Qui nous orne autant ?
La rose est coquette ;
Le glaïeul sanglant
Mais le lys est blanc
Pour la grande fête.
Oh ! le temps des rois,
Des grands capitaines,
Des phrases hautaines
Aux étrangers froids !
Le printemps s'apprête ;
Les lys vont fleurir.
Oh ! ne pas mourir
Avant cette fête.
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Par hellonana le 25 Février 2017 à 17:46
Elle s'étend,
S'étire, et, ondule.
Recouvrent le plateau
D'un mauve velouté.
Elle émerveille les yeux,
Elle colore les champs violet.
La où dansent les abeilles
En nuage bourdonnant,
La lavande doucement,
Flotte dans l'air.
Tandis que le soleil
Généreux et abondant,
Réchauffe les cailloux,
De ses rayons ardents,
Sous la voute épurée,
D'un immense ciel bleu.
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Par hellonana le 4 Avril 2016 à 13:48
Un dahlia
Courtisane au sein dur, à l'oeil opaque et brun
S'ouvrant avec lenteur comme celui d'un bœuf,
Ton grand torse reluit ainsi qu'un marbre neuf.
Fleur grasse et riche, autour de toi ne flotte aucun
Arôme, et la beauté sereine de ton corps
Déroule, mate, ses impeccables accords.
Tu ne sens même pas la chair, ce goût qu'au moins
Exhalent celles-là qui vont fanant les foins,
Et tu trônes, Idole insensible à l'encens.
- Ainsi le Dahlia, roi vêtu de splendeur,
Elève sans orgueil sa tête sans odeur,
Irritant au milieu des jasmins agaçants !
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